Paris, le 27 janvier 2004 - Lors d'une intervention à la Direction du Développement des Médias [3], service directement rattaché à Matignon, Christophe Espern, porte-parole d'EUCD.INFO, a démontré, le 19 janvier dernier, en présence de représentants du Ministère de la Culture et du Ministère délégué à l'Industrie, que la protection légale des mesures techniques de protection - y compris celles utilisées pour limiter la copie - portait atteinte à la libre concurrence. Sans qu'aucun interlocuteur présent ne puisse le contredire.

En cherchant à faire interdire l'ingénierie inverse sur les formats de fichiers, et en rendant les auteurs-développeurs responsables des actes de leurs utilisateurs, le projet de loi sur le droit d'auteur et les droits voisins dans la société de l'information instaure un péage obligatoire pour les petits éditeurs de logiciels propriétaires, et exclut - de facto - les éditeurs et les distributeurs de lecteurs multimédias s'appuyant sur des logiciels libres. Il fait le jeu de grandes entreprises abusant notoirement de leurs positions dominantes.

Se livrant actuellement à une guerre de prétendus " standards ", ces sociétés, principalement américaines et japonaises, essaient de rendre le consommateur prisonnier de leurs technologies, avec comme alibi, la protection des contenus culturels. Car à l'inverse des majors, aveuglées par leur peur de l'avenir, les grands éditeurs de logiciels propriétaires, les fabricants d'ordinateurs et les industriels de l'électronique grand public sont conscients de l'inefficacité des protections techniques pour lutter contre la contrefaçon - et de l'évidente inutilité d'une protection légale pour rendre ces verrous un peu plus efficaces.

La plupart de ces industriels soutiennent pourtant le projet de loi rédigé par les services de Jean-Jacques Aillagon et de Nicole Fontaine, car ils y voient un moyen simple pour forcer le public à renouveler son parc, tant matériel que logiciel, au risque d'aggraver la fracture numérique. Au passage, ils espèrent pouvoir légitimer des pratiques anticoncurrentielles comme la rétention d'informations nécessaires à l'interopérabilité, la vente liée ou l'entente illicite.

Rappelant que le droit à l'interopérabilité est protégé par une directive européenne, que la protection par le secret introduite par l'EUCD est encore pire que la protection par le brevet logiciel, et que la projet de loi actuel pénalise des millions de consommateurs qui ne sont en rien des contrefacteurs, puisque uniquement désireux de pouvoir utiliser dans trois mois un baladeur MP3 acheté il y a six mois, EUCD.INFO entend continuer à faire valoir, auprès du gouvernement et de la représentation nationale, les droits de tous les acteurs économiques menacés par la transposition de la directive EUCD [4].